Une journée de rencontres et de performances

Et de nos bouches sortent des diamants, des crapauds et des rires a commencé le 28 septembre 2019 par une journée de rencontres et de performances à la chapelle des Cordeliers à Crest (Drôme).

Une performance de performances

Avec Anne Zali (dans le souffle des commencements), Flore Saunois (chute en suspens), Gwenola Breton (la piscine), Lucile Olympe Haute (rituel pour 201 pommes de terre), Marie Guégan (les nourritures terrestres), Gaëlle Mahec (atelier d’auto-observation gynécologique), Hélène Gugenheim (les invitées), Lise Casazza (jeter un sort aux monstres), Socheata Aing (s’occuper des ses oignons) et toutes les participantes qui se sont invitées à performer

Lucile Olympe Haute, rituel pour 201 pommes de terre


La sorcière comme la performeuse, jette un sort

NB : Le féminin est employé ici comme un inclusif de toute la variété des genres. Les termes « sorcière» et «performeuse » peuvent aussi bien désigner des femmes, que des hommes et des personnes qui ne se retrouvent pas dans ces identités genrées.

Précisons tout de suite que le devenir de ce sort (son efficacité) n’est pas l’objet. La rentabilité ne nous intéresse pas. Ce qui nous importe c’est que, ni la sorcière, ni la performeuse, ne se résignent. Au contraire. Elles font, selon l’expression de la philosophe Isabelle Stenghers, « surgir un possible ».

On les dira folles parce qu’elles nient être impuissantes. Elles font la démonstration – non pas contre mais à côté de la « raison » et même si la situation est désespérée – d’un possible. Les sorcières et les performeuses ouvrent des interstices qui valent pour eux-mêmes. Ce ne sont pas des promesses d’avenir, ce sont des agencements de choses à un moment donné. On appelle cela « rituel » ou « protocole de performance ». Cet agencement invoque un autre possible, tout en étant lui-même un possible. Il ne désigne pas ce vers quoi on tend, il est déjà la manifestation de ce que l’on a choisi d’être.

Sorcières et performeuses ne transforment pas (directement) la situation mais la manière dont elles s’y trouvent impliquées. Concrètement, elles font quelque chose avec leur corps – des talismans, des masques, toutes sortes de présences-limites, des gestes, des mots, des sons, des chants, des danses, des musiques, etc. Ce « faire » nous replace comme membres à part entière de notre environnement. Chaque action a du sens.
Les sorcières et les performeuses délaissent la fatalité d’une histoire officielle édictée par d’autres (« c’est comme ça »), au profit de leurs propres rites, gestes, croyances, symboles qu’elles inventent et partagent avec d’autres. Dans une communauté tissée de croyances hétérogènes, chacune peut ainsi apprendre à prendre ce dont elle a besoin pour se métamorphoser. Nous appelons cela magie.

La magie frotte les normes, les limites, dérange les tabous. Elle crée du bizarre, du rêve, du malaise, de l’ombre. Elle suscite des ricanements, du rire et provoque une peur diffuse qui n’ose pas dire son nom.
Car il est possible que la catastrophe ne soit pas à venir, qu’elle ait déjà eu lieu. Si tel est le cas, la sorcière comme la performeuse, dansent sur ses ruines et de leurs bouches sortent des diamants, des crapauds et des rires…

Ce texte est en partie et librement inspiré de la postface d’Isabelle Stenghers à l’édition française de Rêver l’obscur – Femmes, magie et politique, Starhawk, éditions Cambourakis.


Liens, Tatiana Bailly

Il s’agissait de proposer la performance comme une forme artistique mais aussi comme un outil de rencontre, voire d’émancipation, cela supposait de créer un événement participatif.

Les artistes sont les organisatrices sont le public sont les artistes

En entrant, chaque participante s’est vue proposer de tirer au sort un « pouvoir» sur l’événement qui était ainsi placé sous la responsabilité collective du groupe.


Soirée d’ouverture le 27 septembre 2019
Projection du documentaire Ouvrir la voix, d’Amandine Gay, suivie d’une rencontre avec la salle. Cinéma l’Eden, Crest, Drôme.


Écouter la critique d’Edwige


Télécharger le dossier de présentation

Cet événement, initié par Hélène Gugenheim, a reçu le soutien de Jeune création et de 16 donatrices privées, il a été créé avec le partenariat du cinéma l’Eden, de radio St-Férréol et de La théière flottante